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John ^haitiB
IN THECUSTODY OF THE
BOSTON PUBLIC LIBRARY.
SHELF N°
* ADAMS
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.fJ'yL Jiiamâm/,.
LE
GRAND DICTIONAIRE
HISTORIQUE
T> I X I E M E EDITION,
Où l'on a mis lé Supplément dans le même ordre Alphabétique 3 corrigé les fautes cenfurées dans le Diétionaire Critique de Mr. Bayle, & grand nombre d'autres , et ajoute' PLUS DE 600 Articles etRemauqjjes
IMPORTANTES.
T O M E S E C O N D.
C-F
Digitized by the Internet Archive in 2009
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LE GRAND DICTIONAIRE
HISTORIQUE,
OU
LE MÉLANGE CURIEUX
LHISTOIRE SACRÉE
ET P R O F A N E, a^-r^
^ Q^V I CO NTIENT EN A'BREG E ";■.,_ LES VIES ET LES ACTIONS REMARQUABLES
Des Patriarches, des Juges, des Rois des Juifs, des Papes , des faitits Pères & anciens Dodeurs Orthodoxes ; des Evêques, des Cardinaux , & autres Prélats célèbres ; des Hérefiarques & des Schifmatiques j avec leurs principaux Dogmes :
Des Empereurs, des Rois, des Princes illuftreSj& des grands Capitaines:
Des Auteurs anciens & modernes , des Philofophes , des Inventeurs des Arts , & de ceux qui fe font rendus rccommandables, en toutes fortes de Profeflîons , par leur Science , par leurs Ouvrages , ou par quelque adiion éclatante.
L'ETABLISSEMENT ET LE PROGRES Des Ordres Religieux & Militaires , & la Vie de leurs Fondateurs.
LES GENEALOGIES De plufieurs Familles illuftres de France & d'autres Pais.
L'HISTOIRE FABULEUSE Des Dieux , & des Héros de 1 Antiquité Païenne.
LA DESCRIPTION
Des Empires, Royaumes, Républiques, Provinces, Villes, Ifles, Montagnes , Fleuves , & autres lieux confiderables de l'ancienne & nouvelle Géographie , oi\ l'on remarque la fituation , l'étendue & la qualité du Pais , la Religion , le Couver-^ nement,les mœurs& les coiitumes des Peuples. Où l'on voit les Dignitez : Les Magiflratures ou Titres d'Honneur: Les Religions & Sedes des Chrétiens, des Juifs & des Païens: Les Principaux Noms des Arts & des Sciences: Les Adions publiques & folemnelles : Les Jeux: les Fêtes, &c. Les Edits & les Loix , dont l'Hiftoirc eft curieufe j Et autres Chofesj & Aâ:ions remarquables.
AVEC
L'Hiftoire des Conciles Généraux & Particuliers, fous le nom des lieux OÙ ils ont été tenus.
Le tout enrichi de Remarques ^ de Recherches curieufe s , pour l*é clair cijfement des difficultés^ de l'HijioirC) de la Chronologie ^ ^ de la Géographie.
Par M'\ LOUIS M O RE RI , Prêtre, Dodeur en Théologie.
D I X I E' M E E D I T I O N où l'on a mis le Supplément dans le même ordre A Iphabetique , corrigé les fautes cenfurées
dans le Diâionaire Critique de Mr. B a y l e , ^ grand nombre d'autres , & ajoute plus de^6oo
Articles et Remarques Importantes.
TOME SECOND.
f Pierre Brunel, R. & G. Wetstein, A AMSTERDAM Chez >
i David Mortier, Pierre de Coup.
A LA HATE Chez f Adrien Moetjens, L. & H. Van Dole.
AVTRECHT Chez | Guillaume Vande Water.
^ - ^
M D C G XVII. ^■'- -''"^•
Avec Trivilége de nos Seigneurs les Etats de Hollande & de Wejf-Frijèl
r
LE GRAND
DICTIONAIRE
HISTORIQUE.
o u
LE MELANGE CURIEUX
DE LHISTOIRE
SACREE ET PROFANE.
C. CAA. CAB.
c.
I E T T E lettre étoit parmi les An- ciens une marque de condamna- tion & nommée la lettre fatale , comme A en étoit une d'abfolu- tion, félon Pierius. Metellus af- fûre que les Indiens avoient cou- tume de marquer d'un C le front & le bras des perfonnes de la mai- fon du Roi, qui fe faifoient Chré- tiens : de forte que cette lettre é- toit une marque honorable de leur Religion. Il y a un li grand rapport du C au Qj que plufieurs Grammairiens ont voulu rejetter le Qjromme utie lettre fuperfluë, prétendant que le C 8c TU peuvent fuffire. La différence de ces let- tres eft pourtant fi neceflàire,que nous voyons que les anciens Poè- tes mettent le C où nous mettons un Q_, quand ils veulent divifer le mot. Ainfi Lucrèce a dit <:»ir«triflyllabe , pour quiret ; 8c Plaute aciia 8c relicuus,^o\iT aqtta 8c reliquus, Aulbne parle ainû de ces deux lettres :
Prd-vduit fojiquam Gamm& vicefunBa prius C.
^tque alium pyofe titulô replicata dédit Q^
.*Plaute, HiJl.aH.i.ji, i.Aufone, </«/;>. Pierius, /(. j.Eier.c.iî. Tu??!, IL - - - - ' '
CAA. CAB.
CAABAH , ou Caabeh , en Arabe , fignifie te tèmfle de la Meque, ècTpro-pieiaent la tour quarrée, que l'on nomme au- trement//i iT/'^Z/t^. Caaieh ûgniBs un tiais , on une maifo/t quarrée. Voyez, K i b l a h.
C A AT H, fils de Levi , père d'Amram , 8c ayetil de Moi- fè , naquit l'an ijoj. du Monde ; 8c mourut l'an 1437. âgé de cent trente-trois ans. * Exode, c. 6. v. 18. dans la Vulgaté, dans la Verfion des Septante , gc dans la Paraphrafe Chaldaï-» que.
C Je fuis eh ceci l'opinion de Torniel , qui croit que ce Pa- triarche vint au monde la vingt-unième année de la vie de fon pè- re Levi; 8c réfute ce que les autres ont écrit a ce fujet. Salianau contraire foûtient que Caath naquit l'an zgiS. du Monde , fon père étant âgé de trente-quatre , 8c qu'il mourut l'an,a45-o , fui- vant eii cela l'opinion de Saint Epiphane, de l'Auteur du Tefta- ment des Patriarches , 8c de quelques autres Chronologues. * Tor- niel, ^.M. 2.^i>f. n. ï.Salian, A. M. 2318. n. i6.&feq. Saint Epiphane, i>>Ancor.(^c.
[CAB, mefiire Hébraïque contenant un peu plus de 97. pou- ces cubiques d'eau. Richard Cumberland , det Mejures ^ des poidf des Heb. en Ariglo'is7\
C A B A. Cherchez Gave.
h CA"
a CAB
CABADES , RoidePerfe,fuccedal'an486.àfonpereOba- las, & ilfutchaffé du throne en 4.97 , parce qu'il vouloit éta- blir la communauté des femmes. Zamafpes fonfils tint fa place jufqu'en 70 1. qu'on le rétablit ; il fit mourir giand nombre de Clirétiens. Mais ayant vu qu'un Prélat avoit chafle des Dernons, qui habitoient dans un château, ou il trouva de grands threfors, il laifla vivre en paix les Fidèles. Les Manichéens , qui lui avoient voulu ôter une féconde fois la couronne, pour la donner afon fils , qui leur permettoit de les favorifer , s'attirèrent fi bien la colère de ce Roi , qu'il en fit punir grand nombre , en chaflà plufieurs hors du royaume. Se déclara ceux qui y reftoient inca- pables d'avoir aucune charge. Il fit la guerre à l'Empereur Anafta- fe. Marcellin le Comte dit, qu'en foi. Cabades affiegea Amida durant cinq mois, 8c qu'il la prit, par la trahifon des Moines, aufquels il fit couper la tête pour les payer de leur perfidie. En j-oî. la ville fut reprife. Cabades fit avec Anaftafe une paix qu il renouvella avec Juftin fon fucceffeur , 8c elle dura quelque tems;
CAB.
telleûuel , 8c celle-ci le Monde vifible : ce que le Perc Kir* cher explique dans le II. Tome de fon Oailipus M^ptiacus,
sur.
CAB ALLO, (Emmanuel) illuftre Génois , a immortalifé fon nom par une entreprife très-hardie qu'il fit , pendant que les François aifiegeoient la ville de Gènes. Après feixe mois de liè- ge , les François , qui s'étoient emparez de la citadelle , avoient réduit les Génois à la dernière extrémité, lorsqu'un vaiflèau Gé- nois chargé de vivres 8c de munitions parut proche de la villej 8c ne fçachant pas que la citadelle étoit prife, s'y en alla, dans le deflèin d'éviter la flotte des ennemis , 8c fe livra ainii entre leurs mains. Les Génois s'étant apperçus de cette erreur ne fon- geoient plus qu'à fe rendre , lors que le brave Caballo releva leur courage abbatu , Se demanda un vaiffeau pour aller délivrer celui qui étoit pris. Une troupe de jeunes gens fe joignit à lui ; Se ils tirèrent droit à la citadelle, palTant au milieu des François, fans craindre les continuelles décharges que l'on faifoit fur eux.
Sc'après luftinïen remporta de grands avantagc's fur lui par Y étant arrivez , Caballo coupa les cordages du vaiflèau qui y la conduite de Bellifaire. Cabades mourut environ l'an 5-31. étoit arrête, &lemenadanslaviUe,avecautant décourage qu'il
ou 5-31. après un règne de 35-. ans, en deux fois. * Marcellin, «n Cforon. Agathias , //. 4. Procope , de la guer. des Perf. Nicephore , /». 16. Hifi. Mifeel. li. if. Theophane , Cedrene , 8cc.
CABALE, ouCabbale, 8cCabalistes , certame fefte , qui a été parmi les Juifs. Ce mot de Cabale eft tiré de l'Hébreu ^2T>^'bbel, qui veut dire rra<//W/f , ilaenfeigné. Ainfices Cabalilles f6nt des gens qui fe font principalement attachez à^ la Tradition des Anciens , ou à la fcience qui renferme , à ce qu'ils prétendent , tous les myfteres de l'ancienne Loi , les fecrets du nom ineffable de Dieu, les hiérarchies céleftes, les fciences des nombres , 8c plufieurs autres curiofitez , ou plutôt rêveries. El- les étoient déjà en ufage du tems de J E s u s-C h r 1 s t , 8c ces Juifs vifîonnaires croyoient même que le Sauveur n'operoit des merveilles fi furprenantes , qu'avec le fecours de la Cabale. Les Cabalilles divifent leur fcience en Théoretique , qui ne confifte que dans la fpeculation 8c dans la recherche de ces myfteres
l'avoit retiré de la citadelle. Cette aétion fut fuivie des acclama- tions 8c des applaudiflèmens de tous les Génois , qui regardè- rent Caballo comme le Libérateur de la patrie , 8c lui firent des honneurs extraordinaires. * Ub. Folieta , Ebg. dur. iiirtr. SUP.
CABASILAS, (Nicolas) Grec , Archevêque de Theffalo- nique, vivoit dans le XIV. Siècle, environ l'an ijj'o, 8c non pas en 1300, comme l'a écrit Sixte de Sienne. Il ibûtint le fchif^ me des Grecs , avec une opiniâtreté extraordinaire , 8c il ofa écri- re contre S. Thomas : ce que Demetrius Sidonius , qui étoit ami de Cabafilas , trouva fi peu raifonnable , qu'il foûtint par écrit le parti du Doreur Angélique. Cabafilas compofa une Expofition de la Liturgie Grecque , que nous avons de la verlion de Gentien Hervet , .8c qu'on a depuis mife dans la Bibliothèque des Pères. Il publia un autre Traité , de vit a in Chrifto. Une Oraifon con- tra fœnemtores. On lui attribue quelques autres Pièces qui ne font pasde lui. * Jean CantacuMne , //. 3. c. j-j. (^ 99. /;. 4. c. 16.
8c en Pratique, qui confifte dans les Talifmans , dans la connoif- I Q'fiq. Bellarmin, Script. Ecclef. Hervet, Poflèvin , Spondc, fance des alfres , 8c peut-être dans la Magie , 8c dans la pierre ' Pontanus , Sec.
Philofophale. Car la Cabale eft la fource de toutes ces vaines ima- j CABASOLE, (Philippe de) eftimé des Papes Urbain V. ginations, qui font les fondemens de la Magie. Il y a plufieurs g^ Grégoire XI. étoit de Cavaillon , ville de Provence. Il fiit Juifs entêtez de Cabale , qui tombent dans la Magie , en abufant premièrement Chanoine dans fa Cathédrale , 8c puis Archidia- du nom de Dieu 8c des Anges dans la vue de faire des chofes fur- cre. Prévôt , 8c Evêque de la même ville , en 1334. Quel- naturelles. Il y a apparence que la Cabale tire fon origine de la 1 que-tems après il fut créé Patriarche de Jerufalem , 8c enfin Philofophie de Pythagore 8c de Platon , que quelques Juifs ont Urbain V. l'éléva à la dignité de Cardinal , 8c l'envoya Légat en mêlée avec le Judaïfme, répandant fur le tout une infinité de Italie, 8c puis en Allemagne. Grégoire XI. lui donna le gou- rêveries , nées de l'oifiveté 8c de la fuperftition ; comme cela fe vernement des terres du Saint Siège , dans le temps que les Pa- voit dans les Livres d'Adam, d'Enoc, de Salomon, du Zohar, ipes fîégeoient à Avignon. Tous ces emplois nous periiiadent de du Bahir , 8c dans plufieurs autres. Dans les premiers fiecles de \ l'eftime que les Papes avoient pour Philippe.de Cabafole. Il mou- l'Eglife, les Hérétiques donnoient facilement dans ces lùjjerfti- ; rut à Peroufe en 1371. 8c fon corps fut porté en Provence , où il tions Cabaliftiques. Les Valentiniens 8c les BafUidiens etoient ' eft enterré à la Chaitreufe de Bon-Pas. On attribue à ce Cardinal des principaux, 8c on trouve encore des agathes de ces derniers unTr3.itédeNugijCurialium, 8c des Sermons. Pétrarque qui avoit avec des médailles gravées de figures hiéroglyphiques , aflèzfem- , beaucoup de part en fon amitié, lui dédia fon Livre de la vie fo- blables aux Talifmans Judaïques. On void encore de leur façon | Utaire , 8c lui écrivit diverfes Lettres. Les autres Auteurs de foa ces figures que les Latins nommoient Amuleta. C'étoit un re- temps en parlent auflî avec éloge. *Petrarque, li. 1. ep. i. ^ mede préfervatif , qu'on attachoit au cou des enfans , ou même 2. eè' ''• 4- «/>• i- ^S- &àç. Sainte Marthe , Gall. Chrifi. Frizon , des animaux , contre toutes fortes de maux , 8c particulièrement Gall. Furp. ■
contre les enchantemens. Reuchlin , ou Capnion , qui étoit un très-fçavant homme du XVI Siècle, comme je le dis ailleurs, s'amufa à écrire fur cette matière , De Cabbala ^ veréo mipfico. On a imprimé en Allemagne Ars Caialiftica. On pourra aulTi voir Torta lucis de Pic de la Mirande. Uma manru.. Liber Jez,ira.
C A B B A L E. Cherchez Cabale.
CABESTAN, bourg de France dans la province de Langue- doc près deNifmes. C'eft de ce bourg qu'a tiié fon nom Guil- laume ou GuiLHEM DE Cabestan , Poëte Provençal , qui vi-
Le Traité des Talifmans de Gaffaiel , Jean Morin,'Richard Simon,* ^"'t ^ans le XIII. Siècle. Il étoit de l'ancienne maifon de Cer- o^ ■' I vieres , 8c il avoit paflTe les premières années de la vie avec le
CABALE , Science occulte ou Doûrine myfterieufe des Seigneur de Cabeftan. La fuite fut très - malhcurei^e II devint Juifs, qu'ils tiennent, difent-ils , de la Tradition des Anciens, amoureux dune Dame de la mai&n de Beaux, 8c fit des vers a On div& la Cabale en trois parties, que l'on nomme G«««n«. f^ louange. Cette Dame, que ces vers faifoient eft.mer crai- Notarica.inThemura. La Gametrie eftune expUcation , que gnant que Guillaume de Cabeftan ne devint mfidele,lm fit man- l'on fait par k tranfpofition des lettres du mot. Par exemple, ger d une certaine herbe qui failht a le faire mourir ; car ayant il eft ditkns l'Exode, Pr^editte Melachi{id eH, Angélus meus.) foduit un effet contraire a celui quelle avoit efpere , ce mal- Les Cabaliftes trouvent que cet Ange eft S. Michel, parce que heureux Poète perdit d abord toute forte de connoilfance. Un les lettres de Melacki ét^t tranfpolées font Michaél La No- Médecin lui donna un amidote , qui le remit en fante. Apres tarique fait de chaque lettre un mot entier, ou expUque un mot «la deteftant la Dame de Beau.^ , il fer vit Tntline Carbonel. par un autre qui contient le même nombre. Il eft écrit dans le de la maifon de RoiîiUon , femme de Raimond de Seil.lans. Pfeaume 3. Multi infurgunt in me. Le mot Hébreu , qui figni- Cabeftan avoit tant d efprit 8c de mente, 8c lis vers lui avoient iie multi. cd compofé d'un R , d'un B , d'un 1 , 8c d'une M. De I tant donne de réputation , que cette Dame lui témoigna beau- là les Cabaliftes conjcfturent que ces gens font les Romains , les coup d'eftime 8c de compl^ifance. Le mari en devint lijdoux. Babyloniens , les Ioniens , c'ift à dife Us Grecs . 8c les Medes. | qu'ayant rencontre le Poète a la campagne , il le tua , 8c lui Ils difent aufli que Macom eft le même nom que y^/^o^*, parce arracha barbarement le cœur quil fit manger a fa femme , que les lettres de ces deux mots écrits en Helireu font le mê- ^omme une autre viande. EHe le fçut 8cen mou^de depki-
que
me nombre 1S6. L'art que l'on nomme Themura , ouZiruph, confifte dans le changement des lettres que l'on fait équivalen- tes dans certaines combinaifons.En voici un exemple dans la Lan- gue Latine. Ayant fait la combinaifon des lettres ainfi , A, B.1 C, D.lEjF. Sec. on prétend que les deux lettres de chaque com- binaifon fe mettent l'une pour l'autre : 8c que ce qui fera écrit D B C E , fe pourra lire C A D E , c'eft à dire Tombez.. Cette Cabale dans toutes fes trois parties n'eft boime qu'à amufer les petits Efprits : car pour reprendre les mêmes exemples j Au- lieu àeMichaël, ne peut-on pas lïxtChamïél , Kimael, 8cc. c'eft à dire, Ange de feu, Ange des playes , 8cc. Par les quatre lettres R , B , I , M , on peut entendre les Rabbins , les Baâriens , les Italiens, 8c les Moabites. Cette divifîon de la Cabale n'eft qu'une fuperftition inventée par les nouveaux Rabbins. Les plus habiles divifent la Cabale en deux parties , l'une appellée , Mercava, c'e^ 3. airs , fcience du chariot; 8c l'autre Befe/i«^ , c'eft à dire, Ouvrage de la création. Celle-là confidere le Monde in-
fir. Ce fut vers l'an 1213. beftan:
ï/ quel Gtiglielm»
Che per cantar hà Pfior defuoi di fcem».
* Pétrarque, Trionfo d'amer, c, 4. Noftradamus , Pie des To'eU Vrov. c. 1 2. ^c.
CABIRE , Nymphe , femme de Vulcain , fut mère de Ca- mile. Ce Camile fut père de trois fils nommez comme leur grand- mere; 8c c'eft de ces derniers que font forties les Nymphes di- tes C/i^/nfw, dont parle Aculilaiis Argien, cité par Strabon , ««
li. 10.
C A B I R E S , certains Dieux qtii étoient révérez en Samo- thrace, ifle de la mer Egée, félon Hérodote , li. 2. Ce nom vient peut-être de l'Hébreu T33 Cabir , qui fignifie gr.md 8t
çuijjarit.
CAB. CAC.
CAC. CAD.
fuiffant. On avoit une ii grande vénération pour euX , que c'étoit un crime de les nommer parmi le peuple. Oncroyoit que ceux qui étoient initiez, dans leurs myfteres , étoient fous leur protec- tion , & qu'ils en obtenoient tout ce qu'ils pouvoient fouhaiter. Les anciens Auteurs ne Ibnt pas d'accord touchant le nombre des Dieux. Mnafcas en met trois , Axieres , Axiocerf» , 6c Axio- cerfus; c'cll-à-dire , Ceres, Froferpine, & Pliiton. Dionyliodore en ajoute un quatrième , qu'il nomme C«//«(/e , c'e(i-à-diic , Mer- cure. D'autres tiennent qu'il n'y eut que deux Cabires, Jupiter, qui étoit l'aîné, & Dionyfiits, le plus jeune. Athénien dit que de Jupiter 8c d'Eleâra naquirent Jaiidn & Dardanus , qui turent nommez C<ï^»r«. Quielques-uns croyent que c'étoient lesMinif- tres des Dieux. D'autres les prennent pour des Démons. Ils a- voient aufli un temple en Egypte, dont l'entrée n'étoit permife qu'aux fculs Prêtres de ces Divinitcz ; & un autre au territoire de "Thebes. 11 y avoit encore des CMres de Cerès , qui étoient telle- ment refpeiSés , qu'on s'imaginoit que ceux qui auroient ofé les battre, n'échapperoientjamais la vengeance des Dieux. Les Phé- niciens avoient aufli des Dieux appelles Ca^im, ou Caberes, qui étoient particulièrement révérés à Berythe. * Sanchoniathon ci- té par Eufebc , au liv. t. Je la Préf. Evang. Damafcius, dans l'hotius. Hefychius, Cafaubon, Bochart dans fon C<i»<î4«. Meurfius, des thés des Grecs. SUP.
CABO D'ISTRIA. Cherchez Capo d'Iftria. CABRERA. (Alfonfe de) Voyez Cabrera, (Pierre) CABRERA, (François) Religieux de l'Ordre de Saint Àu- guftin, étoit Efpagnol , 8c a publié les généalogies des maifons de Ponce de Léon, de Cordouë , Sec. Il elt mort en 1649."^* Nicolas Antonio, BiM. Hi/p.
CABRERA , (Louis de) de Cordouë , vivoit dans le même tems que celui, dontje viens déparier. C'étoit un homme de qualité. Capitaine d'une compagnie d'Infanterie , qui a compofé l'HLftoire de Philippe II. Roi d'Eipagne, &; un Traité de i'Hiftoire. * Ni- colas Antonio, Bièl. Hiff.
CABRERA Morales, (Francifco de) Efpagnol.natif du bourg dit las Brozas dans l'Eftramadure , vivoit au commen- cement du XVII Siècle. Il fçavoit les Langues , qu'il avoit enfei- gnées à Salamanque , & depuis étant venu à Rome,il y fut Théolo- gien du Cardinal Deza , mort en 1 600. Il a continué I'Hiftoire des Papçs de Ciaconius,8c travaillé à quelques autres Ouvrages.* Nico- las Antonio, BiH. Hi/p.
CABRERA, (Pierre de) de Cordouë , étoit Religieux de l'Ordre de S. Jérôme. 11 a écrit fur S. Thomas , & il avoit un de fes frères, nommé Alfonfe , Religieux de l'Ordre de S. Domini- que, 8c excellent Prédicateur. * Nicolas Antonio , Bibl.Hifp.
CABRIERES, bourg dans le Comté Venaiflin en Proven- ce. Voyez Merindol. SUP.
CABUL, ville 8c royaume des Indes dans les Etats du Grand Mogol. II eft le plus avancé vers la Pcrfe 8c l'Usbeck ou 'Z.aga- thai , ayant celui de Cachemire au Levant. Les fources du Nilab 8c du Behat , rivières qui fc jettent dans rindus,font dans ce royau- me. La ville eft grande , avec deux fortereflTes , 8c fur la route de Lahor à Samarcand ; les autres font Ghidel 8c Paflàur. Le com- merce eftaflez grand dans ces.villes, à caufe du mufc , desfoyes, de la rhubarbe , 81 des autres marchandifes qu'on y apporte du Ca- thai.
CACA , fœur de Cacus , découvrit à Hercule le larcin que fon frère avoit fait de fes bœufs,8ç pour cela elle mérita d'être honorée par des facrifices qui lui étoient offerts par les Vierges Veftales, fe- | ionSerw'msfurlet.delEnetde. Virgile néanmoins au mêmelieu, & Ovide , aui. livre des Vafles , difent que ce larcin fut découvert d'une autre manière. Voyez Cacus. SUP.
C A C A C A , ville de la province de Garel, dans le royaume de Fez, en Afrique, fur la côte delà mer Méditerranée, à 7.Heuës de Mélile par mer , d'où elle n'eft éloignée que de deux lieues par terre. Le Duc de Medine s'en étoit rendu maître en 1496. après la prife de Mélile ; 8c les habitans , qui n'avoient ofé attendre fa ve- nue, s'étant retirez ailleurs , il avoit fait rafer la ville, neconfer- vant que le château , qui eft fort , 8c fur un roc , que l'on ne peut miner. *Marmol, de l'AfriojUe, l ^.SUP.
CACALLA , (Auguftin) étoit de Valladolid en Efpagne , 8c fut long temps Prédicateur de l'Empereur Charles-Quint : mais il quitta l'Eglife Romaine pour fuivre les opinions deLuther:8c ayant été pris , il fut condamné par l'Inqurfition , 8c brûlé à Valladolid en ifj9. *Theod.Beza, deVir.illuft. SUP.
CACAR Faraon, ou Château-Pharaon , ville ruinée , fituée lur la montagne de Zarhon , proche de la viUe de Fez en Afrique. On dit qu'elle a été bâtie par les Goths , quoique les habitans en attribuent la* fondation à Pharaon Roi d'Egypte ; mais les plus cé- lèbres Hiftoriens la nomment Le Palais Zarhon, ou Zarahartum, & non pas de Pharaon. OnVoit encore en plufieurs endroits des in- fcriptions en lettres Gothiques , qui font connoître qu'elle fut bâtie ou embellie par les Goths.Toutes les collines 8c les vallées d'a- lentour font couvertes d'oliviers. *Marmol, de l'Afriiiue , iiv.^. SUP.
CACAR , ville du royaume de Fez. Cherchez Alcaçar SUP.
CACCIA, (Auguftin) de Novare dans le Milanois , vi- voit en ijj'o. Il porta les armes avec réputation dans l'armée de l'Empereur Charles V. 8c fit aufli des vers. ' Etant avancé en âge il compofa deux volumes de Poëfies fpirituelles ; 8c en dédia un à Catherine de Medicis Reine en France , 8c l'autre au Cardinal de Granvelle. . %
1407; C'étoit leDoûeurdcfon tems , qui étoit le plusconfulté pour les matières Civiles 8c Ecclefiaftiques. Il écrivit divers Ou- vrages de Droit : De Jultitia â" 7"re. De deiitorc fufpeiJo fugi- livo. De paéiis. De modo fltulendi. De tranfaHione. Definjori- umjuris, &c. * Forfter, m Vit. Jwr//?. Bumaldi , Bibl.Bonon.
CACCIA NEMICI, eft une famille de Bologne, qui a eu Geriyd de Caccianemici , Pape fous le nom de Lucius II, dontje parle ailleurs ;&iHuMBERTDECAcciANEM!Ci,quelc même Pape fit Cardinal en 1 144. Il rendit de grands fervices à Alexandre III. durant lefchifme, 8c mourut peu de tems après , fous fon Pontificat. Sigonius, de Bptfc. Bonon. l. i. Baronius, Onuphre, 8cc.
C A C E G A S , (Louis) Religieux de l'Ordre de Saint Domini- que en Portugal, a été très-eftimè par fa vertu 8c par iijn éruditionj Il publia I'Hiftoire de fon Ordre en Portugais , & celle de la Vie de Dom Barthélémy des Martyrs , que Louis de Soufa continua. Ca- cegas mourut vers l'an 1620. âgé de plus de 70. * Nicolas An- tonio , Êiil. Script, hi/p.
^ C A CERES, ou Caceres de Camarinhà, ville d'Afie dans l'Ifle de Luçon , une des Philippines , avec Evêché fuffragant de Manille. Elle eft fituée fur le détroit dit Eflrecho dt Manilha, avec un bon port, qui eft aux Efpagnols.
CACHAN, ville de Perfc , dans la province d'Yerak , à vingt- deux lieues d'Ifpahan^ vers Kom. Wy 3. Aehc2.ux bazars on mar- chez , 8c plufieurs carvanferas bâtis de brique. Un grand nom- bre d'Ouvriers en foye y font des brocards d'or 8c d'argent , des plus riches 8c des mieux travaillez qui fortent de la Perl'e. On y compte plus de mille familles Juives , qui fe difent être defccnduëg de la tribu de Juda , de même que ceux d'Ilpaham 8c de Kom, * Tavernier , Voyage de Perfe. SUi'.
CACHEMIRE. Cherchez Kachemire. C A C I QJJ E S , nom des Gouverneurs ou Princes , lous les anciens Incas , ou Empereurs du Pérou. Les plus confidcrables des Nobles , originales du païs , retiennent encore ces noms d'In- cas , 8c de Caciques , quoi qu'ils obeïflcnt aux Efpagnols. Les Princes de Fille de Cuba dans l'Amérique Septentrionale portoient le même nom de Caciques , lors que les Efpagnols s'en rendirent les maîtres. SUP.
CADALOUS, ou Cadolus , Evêque de Parme , vivoit dan3 le XI. Siècle. C'étoit un homme emporté, ambitieux, 8c noir- ci de divers crimes, qui fut fait Antipape par deux Prélats feule- ment, qui foûtenoient le parti de l'Empereur Henri IV. 8c nom- mé Honoré II. On l'oppofa à Alexandre II , élu légitimement en 1061. Il fe mit en campagne avec des troupes 8c de l'argent, 8c feprefenta devant Rome, d'où il fut chaflepar le DucGode- froy , 8c contraint de fè retirer à Parme. Quelque tems après, il y fut rappelle par quelques feditieux , 8c fe rendit maître de l'Eglife du Vatican , rmis ayant été battu une féconde fois , aban- donné des fiens , puis afliégé dans le château Saint Ange,où il s'é- toit jette à la faveur de Cincius, il racheta fa liberté, 8c fe fauva tout feul. Le Concile de Mantouë aifemblé l'an 1064. le con- damna , en préfence d'Annon , Archevêque de Cologne , Régent 8c Tuteur d'Henri. Il mourut depuis miferablemcnt , fans avoir voulu cefiir de fe porter pour Pape. * Léon d'Oftic , //. 5. c. 2.0. Platine , en Alexandre II. ftirftiius , A. C. 1061. \o6^. 1 064,
f CADAMUSTI , (Louis) de Vcnife, a vécu vers l'an 15-04. Il publia une Relation de fes voyages de mer , que nous avons en Latin par les foins d'Archangelo Madrignani.
CADENAC , petite ville de France dans le Quercy , fur les frontières du Rouërgue , fituée fur la rivière de Lot , à huit ou neuf lieues de Cahors. Quelques Auteurs la prennent pour l'U- xellodunitm , qui eft célèbre parmi les anciennes villes des Gaules, parce que ce fut la dernière qui fe défendit contre Céfar ; feais il y a apparence que cette ville étoit différente de- Cadenac d'au- jourd'hui ; 8c peut-être que c'eft Cahors même , commejeledis ailleurs.
CACUS , Berger d'Italie , faifoit fa demeure fur le mont Aventin , qui fut depuis renfermé dans l'enceinte de la ville de Rome; 8c cxerçoit de continuels brigandages dans tout ce pays. On dit qu'Hercule revenant d'Efpagne , après avoir tué Gcryon , paflà proche du mont Aventin , avec le troupeau de ce Roi , qu'il emmenoit ; 8c que Cacus lui enleva pendant la nuit quelques bœufs, en lés tuant par la queue dans fa caverne, afin que mar- chant ainfi à reculons, on-nepût découvrir par la pifte le lieu où ils étoient. Hercule ayant reconnu ce larcin , chercl^a aux envi- rons de la caverne de Cacus , 8c ne s'imagina pas que fes bœufs y fuflènt renfermez , parce qye les veftigcs donnoient lieu de croire le contraire. Cependant il entendit le cri d'un de fes bœufs, qui fentant ceux du troupeau , commença à meugler. Auffi-tôt il enfonça la porte de cette caverne , 8c alfomma ce voleur avec fa mafiTuë. Les Poètes difent que Cacus étoit fils de Vulcain , 8c qu'il jettoit des flammes par la bouche : peut-être , çarce qu'il brûloit les maifons , après les avoir pillées. Ils ajoiitent que c'étoit un géant d'une grandeur prodigieufc , qu'il vivoit de chair humaine , 8c qu'il étoit demi-homme , comme on nous repréfcnte les Satyres. D'autres difent que Cacus étoit un Prince dans l'Efpagne Tarraconoife , qui donna fon nom au mont Cacus , maintenant Moncaio , dans l'Arragon , fur les con- fins de la Caftillc vieille ; qu'il étoit affreux à voir, 8c d'une hu- meur extrêmement fauvagc ; ce qui avoit donné lieu de l'appel- 1er demi-homme: qu'il avoit inventé certaines armes à feu , 8c
CACCIALUPI, (Jean Baptifte) de Bologne , Jurifcon- une poudre femblable à nôtre poudre à canon ; ce qui le fit paf- fulte , vivoit au cominencement du XV. Siècle , vers l'an fer pour le fils de Vulcain. Et qu'enfin il pourfuivit Hercule Tm. U. Ai jufques
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jufques en Italie, où il lui déroba quatre de fes boeufs'. * Tit. Liv.l. i.Virg. Ew«</./w.S.Gerund./w. i. Paralip.Iiifp.SUP.
CADILLAC , petite ville de France dans la Guyenne. El- le eft lituée près de la Garonne , à côté de Bourdeaux 8c de Bafas; fon château eft un des plus agréables de la province, Sifon ter- roir eft un des plus fertiles»
CADILESCHKER,ouCadiLescluer, dans l'Em- pire du Turc , eft le Chef de la juftice , qui juge toutes les caufes dans le Divan. Caé fignifie 7»je , icLefehker armée: d'où eft venu le nom de Cadilefchker , c'eft-à-dire , Juge de l'armée ; parce qu'il était le Juge des Soldats. Il n'y a que trois Cadilefchkers dans toute l'étendue de l'Empire du Grand Sei- gneur. Le premier eft celui de l'Europe ; le fécond , celui de la Natolie, ou de l'Aile : & le troifiéme , celui du Grand- Caire. Ce dernier fut établi, lors que Selim eut conquis l'E- gypte ; & il eft le plus confiderable , car fa jurifdidiion s'étend liir les Egyptiens , les Syriens , 8c les Ara:bes , 8c fur une partie de l'Arménie. Aujourd'hui les Cadilefchkers n'exercent plus aucune jurifdidlion fur les Soldats , qui ont le privilège de ne pouvoir être jugez que par les Officiers qui les commandent. * Ricaut , de l'Empire Ottoman. SUP.
C A D I S , Juges des caufê? civiles , dans l'Empire du Turc. Ils connoiffent auffi des affaires fpirituelles , dans le Bileduigerid en Afrique. Cadi fe prend ordinairement pour le Juge d'une ville. Les Juges des provinces fe nomnftnt Mollas. * Ricaut , de l'Empire Ottoman. SUP.
C A D I S , Ifle près de la côte Occidentale de l'Andaloufîe , en Elpagne , au Nord du détroit de Gibraltar. On la nommoit premièrement l'IJle de Junon , parce que Cette DéeiTe y étoit ado- rée par les Payens , dans un temple très-magnifique. Enfuite on la notamz G ades , d'où s'eft formé le nom de CaJis. Sa longueur eft à-peu-près de fèpt lieues : fa plus grande largeur , de trois, 8c fa moindre , d'une. Elle eft jointe a la terre-fcrhie du côté d'Orient , par un pont appelle le Pont du Sac. Son terroh- eft en plaines 8c en montagnes , mais fans aucunes fontaines , ce qui eft fuppléé par quantité de puits. L'entrée de la baye de Cadis eft fort dangereufc , à caufe des écueils appelles k Diamant , 8c Los Ptieros. Le port de la ville , qui eft iituée à la pointe Occi- dentale de rifle, regarde l'Orient. G'eft là qu'arrivent les flottes 8c les galions des Indes Occidentales , avec l'or 8c Fargent , que les Efpagnols tirent de l'Amérique. Le château a été première- ment bâti par lesJMaures, 8c a été mis en très-bon état par les Ef- pagnols. Le fort de Saint Sebaftien a été conftruit , pour défendre l'entrée du golfe ; 8c le fort de S . Philippe pour aiTurer le port. La ville a titre d'Evêché; 8c l'on y voit plulxeurs Eglifes, dont la ftruârure eft admirable. La terre de l'Ifle produit de li bons pâtu- rages, que le bétail creveroit, fi on l'y abandonnoit, 8c ii l'on n'avoit loin de le faigner tous les mois. On y trouve des falines, dont le lel eft excellent. * Jouvain , Voyage d'Efpagne. P. Labbe, Géographie-Royale. SUP. Voyez Calis,
CADIZÀDELITES, Sefte de Mahometans , qui fuient les feftins 8c les divertiffemens , 8c affeétent une gravité extraordi- naire dans toutes leurs adtions. Ils parlent inceiTamment de Dieu , en public 8c en particulier .Quelques-uns de cette Seûe font un mé- lange du Chriftianifme 8c de Ja^Leligion de Mahomet. Ceux-ci vivent fur ks Hmites de la Hongrie 8c de la Bofnie. Us lifent l'Evangile en Efckvon , 8c l'Alcoran en Arabe. Ils boivent du vin pendant le mois de Ramazan , qui eft le mois du jeûne des Mahômetans ; mais ils n'y mettent point de canelle ni d'autres drogues , 8c alors il paffe parmi eux pour une liqueur permife. Ils aiment 8c protègent les Chrétiens , autant qu'ils peuvent. Us croyent que Mahomet eft leS.Efprit, 8c que ladefcente des lan- gues de feu , au jour de la Pentecôte , étoit une figure de la ve- nui^ de ce faux Prophète. Us pratiquent auffi la Circoncifion comme les Juifs , 8c fe fervent de l'exemple de Jésus- Christ pour l'autorifer. * Ricaut, de i Empire Ottoman. SUP.
CADLUC, ou Cadlucus, (Vmcent) Polonois ou Ruf- fien , 8c Prévôt de l'Eglife de Sendofnir , vivoit encore au com- mencement du XIII Siècle , 8c on fixe même le tems de là mort en 1126. C'eft le premier qui ait entrepris d'écrire l'Hiftoire de Pologne , 8c quoi que ce fût avec un ftile peu poli , fon def- lèin eft pourtant digne de louange. * Herbutus de Ful- ftin , Rer. Polon. li. 6. in Vrsf. Cromer , Rer. Pol. li. 7. Voffius , &c.
C A D M U S , Roi de Thebes , étoit fils d'Agenor Roi de Phé- nicie Se de Thelephafla , frère de Phénix 8c de Cilix , 8c petit-fils d'Epaphe. Il paffa la Béotie , fc bâtit Thebe , ou au moins la citadelle nommée Cadmée, vers l'an i6io du Monde. Il ap- porta en Grèce ces feize lettres a, (3, y,J, £,»}■(, A,x,v,(i, T, Ç, a, T, u , auxquelles on dit que Palamede ajouta ces quatre autres J, ? , (p , Xt au tems de la guerre de Troye. * Tacite , uinn. li. 11. Plutarque , 8cc.
oS' Les Poètes ajoutent qu'il fortit de fon pays, pour chercher fa fœûr Europe, que Jupiter avoit enlevée. Que l'oracle lui ayant commandé de paffer en Béotie , un des fiens , puilant de l'eau dans une fontaine, y fût dévoré par un dragon , qu'il tua par l'or- dre de Minerve, lui arracha les dents 8c les fema dans un champ, oùilenvitfonir an grand nombre de Soldats armez,, qui s'en- tretuerent les uns les autres ; qu'il époufa enfin Hermione ou Harmonie, fille de Mars 8c de Venus, de laquelle il eutPolydore qui lui fucceda , Semelé, Ino, Antonoé-, 8c Agave , dont les avantures font fi particulières . Mais ceux qui cherchent la vérité dans ces peintures ingenieufes aiTurent que Cadmus ayant paiTé
CAD.
dans la Béotie, province de Grèce, qui s'appelloit alors EcWe j il y tua un Prince du pays nommé Dracon, mit adroitement la di- vifion parmi les peuples , qui s'oppofoient à fon étabUflèment , 8c profitant de leurs defordres fe rendit maître du pays. Par le nom, qu'il donna à la ville qu'il bâtit, il voulut marquer la pre- mière origine de fes ancêtres venus de la grande ville de Thebes ea Egypte. Il poliça fes peuples , 8c leur donna l'invention de l'écri- ture , 8c puis les malheurs de fà maifon l'obligèrent d'aller finir fes jours en Ulyrie. * Paufanias , //.p. Ovide, li. 3. Hyo^in. faé. Natalis Cornes, ii.ç.c. 14.
[CADMUS, félon d'autres , étoit Maître d'hôtel d'un Roi dé" Tyr, ou de Sidon; 8c Hermione , ou Harmonie, fa femme étoit une joueufe de flûte. Le nom de Cadmus femble être venu de Cadmoni, qui eft le nom d'une nation de laPaleftine , la même que les Htvéens. Harmonie tire fon nom de Hermon , montagne du même pays, 8c l'on a dit qu'elle avoit été changée en ferpent, parce que le mot à'Hevéen fignifie en Syriaque un/erpent. On dit qu'il fema des dents de ferpent , 8c qu'il en naquit des hom^ mes armez , parce qu'en Phénicien , pour dire des gens ar- mez, de javelot j de cuivre, on fe fert de certains mots , qui peuvent être traduits , armez de dents de ferpent. Au refte il au^ roit fallu dire que Cadmus apporta en Grèce les lettres Phéni^ ciennes , 8c non qu'il les inveata. Voyez Samuel Bochart , dans fon Canaan^
C A D M U S de Milet , Hiftorien Grec , étoit fils de Pandion , 8c a écrit, en quatre livres, un Ouvrage de l'origine deMilet8c de toute l'Jonie.C'eft celui à qui Pline attribue l'invention de l'HiA toire. U vivoit environ le temps de la prife de Troie par les Grecs, c'eft-à-dire, vers l'an 2870 du Monde, 8c environ 11S4 avant la naiflimce du Sauveur. Il écrivit une Hiftoire d'Ionie, mais il faut prendre garde de ne le pas confondre avec un autre Cadmus, qui étoit auffi natif de Milet , 8c Hiftorien , 8c beaucoup plus jeune. U compofa l'H^oire de l'Attique , en feize livres. * Pline, li.-j. c. j6. Suidas , Jofephe , /;. i. contre Apion. Clément Alexandrin , li. i. des Tapijf. Voffius , li. \. des Hift. Grecs , r. i. //. 3. ^ 4. <:. i. de la Phdol. c. 10. §. 2.
C A D O L U S. Cherchez Cadalous.
CADORINE , ou II Cadorine, pays d'Italie dafls la Marche Trévifane , des Etats de la Republique de Venife. C'eft le plus Septentrional de toute l'Italie, vers le Comté de Tirol8c les Alpes , qu'il a au Couchant 8c au Septentrion , le Frioul au Levant , 8c la Marche au Midi. La ville capitale eft i, a piEvE Di Cadore fituée fur la rivière de Pieve ou Piave.
C A D O U l N , Abbaye de l'Ordre de Citeaux , du dioccfe de Sarlat dans le Perigord. ' C'eft où l'on garde le S. Suaire de Jé- sus Christ, lequel ayant été retiré d'entre les mains des Infidèles , fut dépofé dans une Eglife de la ville de Jerufalem , où il demeura jufques à l'an 1000 qu'il fut transporté à Antio- che dans le temps que le 'Calife de Babylone faiibit une cruelle guerre aux Chrétiens. Ce tréfor fut confervé à Antioche jus- ques en l'an 1099 , que le François s'étant rendus maîtres de Jerufalem 8c de la Terre Sainte , Aymar Evêque du Puy en Velay , Légat Apoftolique de l'armée Chrétienne , le retira de la ville d'Antioche , 8c l'ayant gardé pendant fa vie , le confia ea mourant à un de i^es Aumôniers , natif de Perigord , qui l'ap- porta en fon pays l'an iio^ avec l'Hiftoire du même Suaire , 8c le cacha dans une Egliiè proche de Cadouïn , où le feu s'étant pris par accident , y conlùma tout , à la referve du cofre , où cette Relique étoit enfermée. Les Rehgieux de l'Abbaye de Cadouïn accoururent à ce miracle , enlevèrent ce cofre du mi- lieu des flammes , 8c le portèrent dans leur Eglife. Depuis ce tems-là il s'y fit un concours exttaordinaire de toutes parts 5 cette dévotion s'augmentant de jour en jour , non feulement dans k France, mais auffi dans l'Italie , dans l'Efpagne, 8c dans l'Angleterre. Mais les Anglois ayant deftèin d'enlever ce thré- for , on le tranlporta à Touloufè en 1392 , où , par permiP- fion du Pape , l'Archevêque le porta folennellement par la vil- le , accompagné de neuf Evêques. Les Religieux de Cadouia intentèrent enfuite procès devant le Pape 8c le Roi , pour être remis en poflèflîon de cette Rehque , mais ils furent obligez de s'en délifter. Néanmoins en 1/46. le Saint Suaire fut em- porté de la ville de Touloufè , 8c rapporté à Cadouïn. Le Roi Saint Louïs l'alla vifiter en 1269. Charles VI ordonna en 1399 qu'il lui fut apporté à Paris pour le révérer : 8c Louïs XI l'ayant veu, fit paroître par fès larmes k tendreffe de Ùl dévo- tion, 8c donna des biens à l'Eglife de Cadouïn. Quelques-uns difent que ce fut Raimond de Saint Gilles Comte de Touloufè qui apporta le Saint Suaire en France , après la conquête de k Terre-Sainte, du temps du Pape Urbain II en 1099. * Hiftoire du Roi Charles VI. Chron. Moyffiac. J. Putean.rà Epifc.Petroc. SUP.
CADRITES , forte de Religieux Mahômetans , dont le Fondateur s'appelloit A^dul-Cadri , 8c avoit k réputation d'ê- tre un grand Philofophe 8c Jurifconfulte. Ils.paflent une par- tie de la nuit à tourner en rond, fe tenant tous par k main , 8c répétant inceffamment le mot Hat , qui fignifie -vivant, 8c qui eft un des attributs de Dieu; pendant qu'un des Religieux joue de k flûte pour les animer à cette danlè extravagante. Us font cet exercice toutes les nuits du Vendredi. Ce font de grands Sophiftes , 8c de fins Hypocrites , qui ne difent leurs fecrets qu'à ceux de leur profeffioff. Usnefe rafent; point les cheveux, ni ne fè couvrentjamaislatête, 8c marchent toujours les pieds nuds. On leur permet de fortir du Couvent , 8c de fe marier , s'ils le veulent ,
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à la charge de porter des boutons noirs , pour fe diftinguer du peu- ple. *Ricaut, Je CEmfireOttoman. SU P.
C A D U C E' E ; c'eft ainfî que l'on appelloit la verge que Mercure reçût d'Apollon , en échange de la lyre à fept cordes qu'il lui donna. Quelques-uns veulent que ce mot tire ion origine du Verbe Latin caJere, qui iigniiîe cheoir: parce que félon la Fable cette verge avoit la vertu de faire tomber ,c'eft-à-dire , d'appaifer toutes fortes de querelles & de difièrens. C'eft pourquoi comme les anciens Romains fe fervoient de Hérauts , que l'on appelloit TecMes , pour déclai^r la guerre , ils employoient ceux que l'on nommoit Cadueeatorei, pour annoncer la paix. Voyez Voflius , au mot Caducée. Les anciens Egyptiens ont orné cette verge de deux ferpens , dont l'un étoit mâle , 8c l'autre femelle : lefquels en- tortillez à l'entour , & comme nouez enfemble par le milieu , venoient s'entrebaifer , faifant comme un arc de la plus haute partie de leur corps , à quoi l'on ajouta deux ailerons. Ceci eft fondé , difent les Mythologiftes , fur ce que Mercure ayant trouvé un jour deux ferpens qui febattoient opiniâtrement , il jetta fa verge entre deux, & auffi-tôt les accorda ; de forte que depuis il la porta toujours pour une marque 8c un fymbole de paix. D'autres difent que le caducée marque la force de l'élo- quence , qui adoucit les .elprits 8c gagne